Richebourg Patrimoine et Nature

Pour préserver le cadre et la qualité de vie de Richebourg...

Histoire des Templiers (1129-1314) et des Hospitaliers:

Les Templiers étaient considérés comme des moines soldats; pour exploiter et gérer les nombreux biens fonciers et agricoles, issus de multiples donations des seigneurs, ils firent appel à des Ordres Bénédictins et Cisterciens. (voir note sur le Moulin de Giboudet et le Prieuré de Bazainville).
Les hospitaliers étaient des religieux voués au service des malades et des voyageurs alors que les templiers étaient dédiés à la protection armée des seigneurs et gens du peuple partis en croisade en Orient et aussi la croisade des Albigeois qui débuta en 1209, menée par Arnaud Amaury et Simon de Montfort (guerre des Cathares1209-1244).
Au temps des croisades en Terre Sainte, destinées à venir en aide aux Chrétiens d'Orient (XIème siècle), il y a eu la création, à partir de 1120, de différents Ordres mis sous la protection des Rois de France.
Le Concile de Troyes a institué le 13 janvier 1129 « l’Ordre Hospitalier de Saint Lazare de Jérusalem » et « l’Ordre Militaire du Temple », avec pour Saint Patron, Saint Georges.
Depuis le Haut Moyen Age, jusqu'à la fin des Croisades, les léproseries avaient multiplié sur toute la surface de l'Europe leurs cités maudites.


Louis VIII (1223-1226) établit pour la France le règlement des léproseries-maladeries.
Vers 1266, sous Louis IX, on en recense plus de 2 000 dont 43 dans le seul diocèse de Paris, Saint-­Germain et Saint-Lazare étant les plus importantes.
Fin XIIème siècle, la 7ème guerre sainte mit fin aux croisades, Le Pape Clément V ordonna en 1312 la dissolution de l’Ordre des Templiers.
En 1314, les Hospitaliers, Ordre charitable, se sont vu dotés de beaucoup de biens à gérer, dont les revenus multiples permettaient d’assumer les soins aux malades et aux voyageurs.
En 1390, Charles VI créa les aumôneries royales qui vont perdurer presque deux siècles.
Les aumôniers nommaient les administrateurs des hôpitaux et des maladreries qui dépendaient de l’Ordre de l’Hôpital de St Lazare de Jérusalem; ces « maisons hospitalières » soignaient les malades, pèlerins, passants et aussi les combattants survivants, revenus d’Orient, soldats estropiés, souvent porteurs de maladies dont la lèpre.

Grande réforme des maladeries et léproseries :

Depuis un siècle déjà, le pouvoir royal avait entrepris le contrôle et la réorganisation de cette immense fortune que représentaient les biens fonciers des léproseries; par ordonnance du 19 décembre 1543, François 1er (1515-1547) en avait fait faire le recensement et l'inventaire « pour remédier au grand désordre qui était alors dans les maladreries » ;
Il lança la grande réforme : les baillis devaient faire la surveillance des maisons de charité ce qui leur permit de destituer et de remplacer les administrateurs; les biens et les revenus servaient au soulagement des pauvres et des soldats estropiés.
Les baillis, recrutés (fin XIIème s.) dans la « noblesse d’épée » percevait les impôts seigneuriaux, rendait la justice seigneuriale, rassemblait les contingents d'hommes que la seigneurie devait envoyer à l'armée royale (le service d'ost). Les baillis ont été des agents efficaces pour imposer l'autorité du roi face aux autres autorités locales (les autres seigneurs régionaux, les évêques, les municipalités...).
Devant la propagation des maladies, la lèpre, la peste ..., certains malades devaient être soignés dans des lieux éloignés des villes et villages.
Ces lieux étaient, le plus souvent, des exploitations agricoles grevées d’une servitude charitable, dont certaines disposaient de chapelle.
Il semblerait que La Troche, couvent au XVIème siècle, ferme fortifiée située sur la route de Bazainville, accueillit une léproserie (voir sur le site RPN, publication sur « La ferme de la Troche »).

Une «maladrerie » du moulin de Giboudet (1556):

C’est en 1556 que le comte de Montfort l’Amaury, dont dépendait Bazainville, installa une maladrerie au moulin de Giboudet. (Règne de « Henri II » 1547 à 1559).

A la fin du Moyen-Age, la lèpre disparaît du monde occidental, certaines maladreries sont devenues des Maisons-dieu (Hôtel-Dieu) dont les biens et les revenus servaient au soulagement des pauvres et des soldats estropiés.
Henri IV prescrit dans un édit de 1606 une révision des comptes et affecte « les deniers qui reviendraient de cette recherche à « l'entretenement » des pauvres gentilshommes et soldats estropiés »
Le Roi Louis XIV (1643-1715), afin de redresser l'Ordre de Saint Lazare et de Notre Dame du Mont Carmel à sa stricte vocation Hospitalière nomme M. Le Tellier, marquis de Louvois, «Vicaire Général de l'Ordre de St Lazare» (ministre de l’assistance publique).
Puis, à la fin de son règne, Louis XIV a redonné aux propriétaires les biens confisqués en 1672 par M. Le TELLIER.
D’autres lieux de santé (maisons hospitalières) ont été fusionnés avec des plus grandes structures et d’autres sont redevenus des exploitations agricoles en perdant la servitude de « lieux de charité ».

Il est intéressant de noter que le château de Richebourg était la propriété de la famille Le TELLIER-LOSGEROT de 1709 à1745...
Serait-ce le même Seigneur Le TELLIER, Marquis de Louvois, ou un proche parent...

 

La vie des moulins :

Les premiers moulins sont créés par « VITRUVE », architecte et ingénieur militaire romain, spécialiste des systèmes hydrauliques sous Jules César et Auguste (1er siècle avt J-C).
Il a fallu attendre le IXème siècle pour que les seigneurs et le clergé construisent les premiers moulins à fours "Banaux" : nom issu de la taxe dont était redevable chaque meunier exerçant.
En France, c’est au IXème siècle que les moulins apparaissent, voués à l’exploitation de l’huile du grain et aussi la pierre.
En l’an 1000, les trois moulins du Salceron sont déjà connus; le moulin de Cherisy (Eure et Loire) date de 1137.
Les templiers ont fait appel aux Bénédictins et Cisterciens pour exploiter les moulins, les fermes et la force motrice des rivières ...et les moines sont devenus aussi maçons, tailleurs de pierres, charpentiers, paysans...
Pour les moulins utilisant la vigueur de notre rivière, le Salceron, on peut certifier que les moines du prieuré furent très impliqués dans leur fonctionnement.

Patrimoine industriel de notre pays :

Le moulin est un ouvrage pour utiliser la force motrice de l’eau qui faisait partie intégrante du paysage de nos campanes ; c’est la seule source d’énergie mécanique pendant des siècles qui était aussi le pivot de la vie économique et sociale. On peut dire que le monde moderne doit beaucoup aux meuniers car les minotiers ont été les premiers mécaniciens et même les premiers ingénieurs...

Construction et évolution du moulin :

- 1ére étape est la construction du bâtiment principal.
- 2ème étape est de creuser à main d’homme le bief, le canal d’amenée, le canal de décharge (déversoir de sécurité) et aussi la prise de l’eau en créant des barrages, des digues, et aussi des endroits précis de vannage.
Création d’un étang qui permettait l’élevage des poissons.
- 3ème étape consistait à la création d’une écurie servant pour les chevaux du meunier mais aussi pour ceux des paysans qui amenait le blé avec leur charrette.
L’activité était telle, à cette époque que les écuries servaient souvent de lit de paille pour les paysans toujours en attente de leur farine.
- Le mécanisme des moulins n'a guère subi de modifications de César jusqu'à Louis XIV. --Les moulins à eau ne comprenaient généralement qu'une roue hydraulique, un rouet, une lanterne ou pignon, et deux meules.
-Au XIXème siècle l'installation d'un déversoir en maçonnerie est obligatoire.
-en 1827, l’invention de la turbine (Fourneyron) a beaucoup facilité le travail des meuniers.
-en 1855, Sagebien créé « la roue-vanne », fonctionnant plus par le poids de l'eau que par la vitesse du courant dont le rendement est considérablement augmenté par rapport aux roues hydrauliques courantes en particulier pour les basses chutes.
-en 1883, le Président Jules GREVY créa les premières concessions hydroélectriques.
-en 1900, les cylindres métalliques avaient remporté la victoire sur les meules ancestrales en pierre.

Réglementation et « droit d’eau » :

-Avant la révolution de 1789, le moulin appartenait au seigneur de la région ou au monastère (Prieuré de Bazanville) et était soumis aux droits banaux.

La banalité :

Extraits de «Historique des Moulins » -Valorisation du patrimoine -Saint-Piat – Mévoisins
« Dès l'époque mérovingienne, les moulins tombent sous le coup de la loi salique : cette loi germanique, sorte de Code pénal et civil établi au IVème et Vème siècles, considère que le moulin appartient au propriétaire d'un grand domaine, châtelain ou abbaye. Dès le Xème siècle, les seigneurs et les abbés s'appuient sur cette loi pour récupérer la manne que représentent les moulins, presque tous à eau.
Leur argument est le suivant : seuls les propriétaires des cours d'eau non navigables ont le droit d'en utiliser l'eau. Ils font donc construire de nombreux moulins, et le fonctionnement est confié à un meunier ».
La banalité a subsisté jusqu'à la Révolution. La loi a été abolie le 17 Juillet 1793.
Les personnes qui viennent moudre au moulin, paient un droit, appelé le « droit de mouture », qui peut aller jusqu'à un dixième des céréales : le moulin est dit « banal » tout comme l'est à l'époque le four à pain, c'est-à-dire qu'il appartient au ban, la circonscription d'un suzerain. La banalité est l’obligation pour les « manants » d’utiliser les moulins et fours seigneuriaux. De plus, tous les grains sont sujets à banalité.

Les ouvrages étaient « fondés en titre », non réglementés.
Tous les moulins en fonction avant la période révolutionnaire ont automatiquement « Le règlement d’eau » et sont considérés comme « fondés en titre ».

-Après 1789, il y eu plusieurs Ordonnances royales et Impériales dont une loi qui s’intitulait « Loi Instruction sur le libre cours des eaux ».
En 1793, la loi sur la « banalité » est abolie (17 Juillet).
En 1798, la république lança le 1er recensement et classa les moulins en « prises d’eau usinières et d’irrigation ».
En 1843, une Ordonnance Royale institua le syndicat d‘exploitation pour le Salceron : « Syndicat pour la Vesgre, l’Opton et le Salceron »
Le Syndicat, ses fonctions : Les propriétaires, fondés en titre, ont droit de prendre la quantité d'eau qu'ils veulent. Les agriculteurs négocient l'usage de cette eau pour l'irrigation de leurs prairies. Le propriétaire du moulin peut refuser si l'agriculteur va moudre ailleurs. Pour régler ces différents, des syndicats d'usagers sont créés par cours d'eau.
En 1861, ce fût le 2ème recensement.
En 1883, les premières concessions Hydroélectriques et les ouvrages devinrent « réglementés ».
En 1898, le Président Félix Faure créa la loi sur le régime des eaux dénommée aussi « La police de l’eau »
En 1899, 3ème recensement : 50774 moulins sont répertoriés en France, sous l’appellation de « Ouvrages Usiniers Hydrauliques ».
En 1919, le président Raymond Poincaré créa la « loi sur l’utilisation de l’énergie Hydraulique » qui faisait partie du « Code de l’énergie ».
Le droit d’usage appliqué aux moulins était accepté après une autorisation.
Avec la création des grandes minoteries industrielles, les petits moulins disparurent, faute de pouvoir soutenir la concurrence.
En 1931, il n'en restait plus que 14470.
En 1935; l’Etat instaure un contingent (quantité maximale de grains à moudre), ce qui précipita l'arrêt des petits moulins et les minoteries industrielles rachetèrent les droits de mouture.
Déjà avant ce contingent, une sorte de patente avait été imposée même aux moulins qui n'étaient pas en activité et, pour ne pas la subir, nombre de meuniers en vinrent à démonter le mécanisme de leur moulin.
En 1964, vote de la « Loi sur l’eau » 2ème édition de la loi
En 1992, cette loi est complétée par la « loi sur l’eau et sur les milieux aquatiques en 2006.

Aqueduc de l’Avre

En 1854, Le Baron Haussmann confie à l’ingénieur BELGRAND l’organisation du captage des sources pour alimenter Paris en eau potable.
La loi de Déclaration d’Utilité Publique est votée le 5 juillet 1890.
Après une dépense de 35 millions de francs or l’Aqueduc est inauguré le 30 mars 1893 réduisant considérablement le débit du Sausseron.
En mars 1894 le Conseil de Richebourg décide d’introduire une instance contre la Ville de Paris en réparation du préjudice causé aux habitants.

Les moulins s’arrêtèrent de tourner.

Sources :
« Chroniques de Richebourg » - Jacqueline Gonthier.
Archives et patrimoine mobilier des Yvelines (1899)
Archives de l’histoire de France (chapitre V)
Histoire de la Folie Classique, Michel Foucault, 1972
Précis historique des Ordres religieux de Saint-lazare et de Saint-Maurice L. CIBRARIO, Lyon, 1860.
Fédération Française des Associations de Sauvegarde des Moulins-FFAM.
Wikipédia.